La polémique qui opposa Blaise
PASCAL aux Jésuites est restée
célèbre par les Lettres Provinciales, un chef
d'uvre de la littérature française.
Pascal y dénonçait leur laxisme en
matière de morale qui n'avait d'égal que leur
intransigeance en matière de foi. Sa XVe lettre resta
longtemps à l'Index.
Constituée en 1558 pour la défense de la
papauté, la Compagnie de Jésus est un Ordre
religieux d'un genre particulier: à la fois "ordre de
clercs réguliers" mais dispensés de la
récitation en commun de l'office, et "ordre mendiant"
pour son financement.
Sa double nature va permettre de cacher la face noire de cet
ordre qui se dit héritier de St Ignace de Loyola,
mystique espagnol qui fonda la Compagnie de Jésus
à Paris en 1534. Ce fanatique commandait de
brûler les livres des hérétiques chez
les libraires.
Les jeunes gens qui entrent dans la Société de
Jésus prononcent trois vux initiaux -
pauvreté, chasteté et obéissance.
Après 12 ans de noviciat, ils s'engagent à
obéir à toutes les directives du pape en
prononçant leur 4ième voeux ; ils sont alors
profès. Leurs constitutions soulignaient par-dessus
tout la nécessité de vouer une
obéissance absolue à leurs supérieurs,
lesquels étaient sous l'autorité absolue d'un
général, le but étant la défense
de la papauté.
Très vite, les Jésuites eurent une influence
considérable sur le pouvoir et l'élite,
notamment comme éducateurs et confesseurs des Rois.
Mais les Supérieurs de la Société de
Jésus recevaient des instructions secrètes
consignées dans la «Monita Secreta». Cet
ouvrage, publié pour la première fois en 1612,
et réédité jusqu'en 1876,
déclencha le plus grand tollé de la part de la
plus mystérieuse congrégation que le
catholicisme généra : l'Ordre des
Jésuites n'admit jamais la publication de leurs
règles secrètes, à la lecture
desquelles tout chrétien frémit.
Ce livre nous renseigne sur les ruses et les
activités secrètes particulièrement
lucratives des Jésuites ; en voici les titres de
certains chapitres :
Chap. II : De quelle manière les pères de la
société pourront acquérir et conserver
la familiarité des princes, des grands et des
personnes les plus considérables.
Chap. VI : De la manière de gagner les veuves riches.
Comment il faut les entretenir et disposer des biens
qu'elles ont.
Chap. III : Comment la Société doit se
conduire à l'égard de ceux qui sont de grande
autorité dans l'État.
Chap. XV : Comment il faut se conduire envers les
religieuses ou les dévotes. Comment faire pour que
les enfants des veuves embrassent l'état religieux.
Ce chapitre est consacré à l'augmentation des
revenus des collèges Jésuites (méthodes
rusées pour attirer les biens des riches à la
faveur des successions, récupérer les
héritages en faisant rentrer dans la
société les riches garçons et en
expédiant les filles dans d'autres
congrégations de religieuses qui ne pratiquent pas ce
"racket").
Son organisation reste à étudier mais,
à chaque niveau, il y a deux catégories de
membres : un pour le spirituel et un pour le temporel (de
même que dans la Curie romaine les cardinaux
s'occupent du temporel) et elle a mis à sa tête
un préposé général, élu
à vie, que l'on nomme souvent le "pape noir",
très proche du "pape blanc".
Dès le début, les Jésuites
s'assignèrent un triple but :
- Défense de la papauté et du monarchisme
absolu dans l'Église romaine.
- Reconquête des classes populaires
délaissées par le riche clergé de
l'époque ; ils ouvrirent des écoles, et plus
tard, des collèges.- Christianisation des
indigènes du Nouveau Monde et des Indes. On sait
comment cela se passera. Des milliers d'amérindiens
furent massacrés par les conquistadores ; les autres,
christianisés de force, furent exploités par
les colons comme des esclaves.
Quelques dates retenues dans l'histoire à cause des
intrigues des Jésuites :
- 1578. Les jésuites sont chassés
d'Anvers.
- 1581. Trois jésuites sont mis à mort en
Angleterre pour avoir conspiré contre la reine
Élisabeth.
- 1589. Henri III est assassiné par le moine Jacques
Clément.
- 1593. Un élève Jésuite
Barrière tente d'assassiner Henri IV.
- 1594. Nouvel attentat contre Henri IV par Jean
Châtel. Les Jésuites sont chassés de
France.
- 1598. Les jésuites tentent de faire assassiner
Maurice de Nassau et sont expulsés de la Hollande
- 1610. Ravaillac parvient à assassiner Henri IV. Les
Jésuites font alors peindre un tableau où
l'assassin est représenté montant au ciel
pleine gloire tandis que Henri IV, sa victime, est
précipité au fond des enfers.
- 1618. Les jésuites sont chassés de la
Bohême comme perturbateurs du repos public et
corrupteurs de la morale.
- 1643. Ils sont chassés de Malte.
- 1646. Ils font à Séville une banqueroute qui
est restée fameuse.
- 1685. Révocation de l'Edit de Nantes : sous
l'injonction de son confesseur, Jésuite, Louis XIV
déclenche de nouvelles persécutions
religieuses.
- 1757. Attentat contre Louis XV par Damiens qui avait
vécu chez les jésuites.
- 1758. Le roi du Portugal est assassiné à la
suite d'un complot par les pères Malagrida, Matus et
Alexandre.
- 1759. Les Jésuites sont chassés du
Portugal.
- 1764. Les Jésuites sont chassés de
France.
- 1767. Les Jésuites sont chassés
d'Espagne.
- 1773. Expulsés des tous les États
possédés par les Bourbons en Europe,
Amérique latine et Asie, les Jésuites se
réfugièrent en Pologne et en Russie. Le pape
Clément XIV lança lui-même une bulle
d'abolition contre la société de
Jésuites pour supprimer la congrégation dans
tous les États catholiques. Ce pape mourut
empoisonné en 1774. L'ordre des Jésuites se
maintient donc en Pologne, dépendante de la Russie
orthodoxe et de la Prusse protestante. L'ordre est
toléré en Italie sous le nom de
«pères de la foi», puis rétabli
officiellement par Pie VII en octobre 1814 et, à
nouveau, expulsé d'Italie en 1870.
- 1880. Les Jésuites furent interdits d'enseignement
et expulsés de France sous la IIIe République.
Mais nos plus vaillants hommes sont morts à la guerre
et aujourd'hui tout semble oublié. Les
Jésuites sont tolérés en France et le
catholicisme est toujours religion d'État en Italie.
Et il y a l'Opus Dei pour assurer la relève...
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