Ainsi il y a dissonance quand
certaines personnes croient à la fin du monde pour
tel jour précis et qu'à ce jour rien n'arrive,
quand des étudiants doivent subir un ensemble
d'épreuves sévères pour pouvoir
assister à des réunions ennuyeuses, quand sans
raison apparente un jouet ou une friandise est interdit
à un enfant.
Des faits contredisant l'opinion qu'un enfant a sur
lui-même le placent devant une dissonance cognitive :
selon que l'enfant a une bonne ou mauvaise image de
soi-même, il pourra attribuer un échec ou une
réussite à l'environnement extérieur,
au lieu de s'attribuer à lui-même le
résultat. Pour réduire la dissonance
cognitive, l'enfant va ainsi chercher des excuses
plutôt que de remettre en cause ses convictions.
Rosenthal et Jacobson, Pygmalion à l'école
(1968), ont aussi mis à jour un
phénomène qui peut trouver sens dans le cadre
de la dissonance cognitive. Ils ont fait l'expérience
suivante: on constitue deux groupes de rats identiques. Au
moment où on les remet aux étudiants
chargés de les dresser, une remarque indique que le
premier groupe est composé d'animaux doués,
alors que le second est de pauvre qualité. Les
résultats du dressage confirment ce pronostic
fantaisiste. Des expériences en milieu scolaire vont
dans le même sens. Les dresseurs adaptent les
résultats aux attentes pour réduire la
dissonance. Plus surprenant, en milieu scolaire, le groupe
d'enfants valorisé obtient objectivement de meilleurs
résultats.
La définition de létat de consonance
n'est pas moins générale : deux
éléments sont consonants quand lun des
deux découle de l'autre, ou autrement dit quand l'un
des deux implique psychologiquement lautre. Le
chercheur devra bien connaître l'ensemble de la
situation quil étudie afin d'évaluer si
elle est plutôt dissonante ou consonante. En suivant
Beauvois et Joule (1981) il devra plus spécialement
faire une distinction entre une cognition
"génératrice" en ce qu'elle déclenche
et oriente le travail cognitif, et d'autres cognitions qui
ne sont pertinentes que dans la mesure où elles se
rapportent à la cognition génératrice
ou à son contraire. Le processus de réduction
de la dissonance n'a pour fonction que de diminuer
l'inconsistance dans laquelle la cognition
génératrice (par exemple écrire un
plaidoyer en faveur, dune mesure sociale avec laquelle
on nest pas d'accord) est impliquée. La
condition génératrice serait toujours la
conscience de s'être engagé dans une action,
elle suscite en cas de dissonance une recherche
darguments consonants avec cet engagement. Ces
arguments peuvent très bien être en
contradiction entre eux et néanmoins réduire
le taux de dissonance à condition que chacun soit
consonant avec la cognition génératrice.
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