LA THEORIE DE LA DISSONANCE COGNITIVE
Quand une situation n'est pas consonante

La dissonance cognitive est un construit élaboré par Léon Festinger au début des années 1950. L'individu en présence de cognitions (connaissances, opinions ou croyances sur l’environnement, sur soi-même ou sur son propre comportement) incompatibles entre elles ressent un état de tension désagréable motivant sa réduction (l'état de dissonance cognitive). On parle de modes de réduction de la dissonance cognitive pour désigner les stratégies de restauration d'un équilibre cognitif.


Il y a dissonance quand certaines personnes croient à la fin du monde pour tel jour précis et qu'à ce jour rien n'arrive...

La proposition fondamentale de la théorie de Léon Festinger (1957) est la suivante : l'individu tend à réduire la dissonance possible entre les différents éléments cognitifs présents. Un élément cognitif est tout ce qui peut devenir objet de connaissance chez l'individu : comportements, opinions, croyances, sanctions, sensations de douleur, etc.


Il y a dissonance quand, de deux éléments se présentant ensemble, l'un implique la négation de l'autre.

Cette incompatibilité n'est pas logique, elle est psychosociologique : deux éléments sont dissonants quand, pour une raison ou une autre, les individus familiers de la situation sociale étudiée estiment généralement que les deux éléments ne devraient pas être associés dans cette situation.


Ainsi il y a dissonance quand certaines personnes croient à la fin du monde pour tel jour précis et qu'à ce jour rien n'arrive, quand des étudiants doivent subir un ensemble d'épreuves sévères pour pouvoir assister à des réunions ennuyeuses, quand sans raison apparente un jouet ou une friandise est interdit à un enfant.

Des faits contredisant l'opinion qu'un enfant a sur lui-même le placent devant une dissonance cognitive : selon que l'enfant a une bonne ou mauvaise image de soi-même, il pourra attribuer un échec ou une réussite à l'environnement extérieur, au lieu de s'attribuer à lui-même le résultat. Pour réduire la dissonance cognitive, l'enfant va ainsi chercher des excuses plutôt que de remettre en cause ses convictions.

Rosenthal et Jacobson, Pygmalion à l'école (1968), ont aussi mis à jour un phénomène qui peut trouver sens dans le cadre de la dissonance cognitive. Ils ont fait l'expérience suivante: on constitue deux groupes de rats identiques. Au moment où on les remet aux étudiants chargés de les dresser, une remarque indique que le premier groupe est composé d'animaux doués, alors que le second est de pauvre qualité. Les résultats du dressage confirment ce pronostic fantaisiste. Des expériences en milieu scolaire vont dans le même sens. Les dresseurs adaptent les résultats aux attentes pour réduire la dissonance. Plus surprenant, en milieu scolaire, le groupe d'enfants valorisé obtient objectivement de meilleurs résultats.

La définition de l’état de consonance n'est pas moins générale : deux éléments sont consonants quand l’un des deux découle de l'autre, ou autrement dit quand l'un des deux implique psychologiquement l’autre. Le chercheur devra bien connaître l'ensemble de la situation qu’il étudie afin d'évaluer si elle est plutôt dissonante ou consonante. En suivant Beauvois et Joule (1981) il devra plus spécialement faire une distinction entre une cognition "génératrice" en ce qu'elle déclenche et oriente le travail cognitif, et d'autres cognitions qui ne sont pertinentes que dans la mesure où elles se rapportent à la cognition génératrice ou à son contraire. Le processus de réduction de la dissonance n'a pour fonction que de diminuer l'inconsistance dans laquelle la cognition génératrice (par exemple écrire un plaidoyer en faveur, d’une mesure sociale avec laquelle on n’est pas d'accord) est impliquée. La condition génératrice serait toujours la conscience de s'être engagé dans une action, elle suscite en cas de dissonance une recherche d’arguments consonants avec cet engagement. Ces arguments peuvent très bien être en contradiction entre eux et néanmoins réduire le taux de dissonance à condition que chacun soit consonant avec la cognition génératrice.


Zajonc (1968) résume la théorie de la dissonance cognitive par les neuf propositions suivantes :

La dissonance cognitive est un état pénible.

L'individu essaie de réduire ou d'éliminer la dissonance cognitive et d’éviter tout ce qui l’augmenterait.

Dans un état de consonance cognitive l'individu éviterait tout ce qui pourrait produire de la dissonance.

L'intensité de la dissonance cognitive varie en rapport direct avec :
- l’importance des cognitions concernées,
- la proportion de cognitions ayant une relation dissonante

L'intensité des tendances décrites en 2 et 3 est en rapport direct avec l’intensité de la dissonance.

La dissonance cognitive peut être réduite ou éliminée :
- en ajoutant de nouvelles cognitions ou
- en changeant des cognitions existantes

Ajouter de nouvelles cognitions réduit la dissonance
- quand les nouvelles cognitions renforcent les éléments consonants et diminuent donc la proportion des éléments cognitifs qui sont dissonants,
- quand les nouvelles cognitions diminuent l'importance des éléments cognitifs en état de dissonance.

Changer des cognitions existantes réduit la dissonance quand :
- leur nouveau contenu les rend moins inconsistants ou
- leur importance diminue.

Cette augmentation ou ce changement de cognitions peut se faire en changeant les aspects cognitifs de l'environnement, "par l'action".



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