La compagnie d'assurances, refuse de
payer sans que le cadavre ait été dument
identifié et fait des recherches pour retrouver un
proche. La compagnie d'assurance retouve alors M. Holmes, le
client de Perry-Pitezel qui accepte de venir
reconnaître le cadavre avec la fille du défunt,
Alice, une jeune fille de 14 ans. En larmes, elle
reconnaît formellement son père. Convaincue, la
compagnie paie 10 000 $ à la veuve Pitezel.
Deux mois passent et en octobre de la même
année, un criminel notoire, détenu à la
prison de Philadelphie, Marion Hedgepeth, demande à
voir le gardien et lui raconte ce qui suit. Quelques mois
plus tôt, il avait eu pour compagnon de cellule un
fraudeur, dénommé Howard, qui attendait son
procès. Howard lui avait demandé le nom d'un
avocat véreux et fiable pour un coup qu'il avait en
tête. Il s'agissait de frauder une compagnie
d'assurances en prenant une assurance-vie sur une personne
et de produire ensuite un cadavre volé dans une
école de médecine. Il suffisait de
défigurer le cadavre pour qu'on ne puisse le
reconnaître. Une méthode garantie
précise Howard. Intéressé, Hedgepeth
lui donne le nom de son propre avocat, Jeptha Howe. Il est
entendu que Hedgepeth recevra 500 $ pour service rendu.
Quelques jours plus tard, son compagnon de cellule obtient
une libération sous caution et il disparaît.
Hedgepeth ayant ensuite entendu dire que la fraude avait
bien fonctionné, sans jamais recevoir sa part du
gâteau, décide de se venger et il raconte
l'histoire aux autorités.
En juin 1895, le détective Frank Geyer, de la police
de Philadelphie, est chargé de l'enquête. Il se
met aussitôt à la recherche de Mme Pitezel, de
ses cinq enfants et de M. Holmes de Chicago. Ils sont
introuvables. Geyer enquête, interroge tous les
témoins possibles et finit par comprendre que Holmes,
pour des raisons encore inconnues, cherche à
séparer Mme Pitezel de ses enfants. L'inspecteur
apprend que Holmes, sous prétexte de réunir la
mère et ses enfants, a attiré Mme Pitezel
à Chicago. Il réussit à accompagner,
séparément, trois groupes à la fois :
Mme Pitezel, les trois enfants, et sa propre épouse,
en voyageant dans le même train et en arrêtant
dans les mêmes villes. À Cincinnati, le
détective apprend que les trois groupes sont
demeurés dans des hôtels différents et
Holmes les a visités tour à tour. Un matin,
les enfants sont même passés à un cheveu
de rencontrer leur mère. Puis, Geyer perd la trace de
l'épouse et de Mme Pitezel, mais il retrouve celle de
Holmes et des enfants : ils se rendent à
Indianapolis. Geyer est sur leurs talons. Il retrace la
maison louée par Holmes pour les enfants et, dans un
immense poêle, il découvre les restes d'un
enfant, le petit Howard Pitezel. Holmes a disparu. Geyer le
suit à Detroit, puis à Toronto.
Dans la ville-reine, Holmes est dans une situation critique
: sa femme est dans un hôtel, Alice et Nellie Pitezel
dans un deuxième, et Mme Pitezel dans un
troisième. Geyer ne peut les retrouver; il demande
l'aide des journaux. Un citoyen, qui a trouvé louche
le comportement d'un locataire, lui répond. Geyer
trouve les cadavres des deux filles Pitezel dans la cave de
la maison. Elles ont été
étranglées et placées dans une grande
valise. Geyer en est maintenant convaincu : Holmes veut se
débarrasser de toute la famille. Holmes
s'était rendu compte que la jeune Pitezel avait
effectivement reconnu son père et il craignait
qu'elle ne le dise à sa mère.
Le détective retrace la dernière adresse de
Holmes, à Chicago, et il se rend sur place; Holmes
n'y demeure plus et personne ne sait ce qu'il est devenu.
Par contre, Geyer apprend que Holmes pourrait être un
docteur. Les archives de l'État d'Illinois font
état d'un diplôme de docteur accordé
à un dénommé Holmes et de sa ville
d'origine, au New Hampshire, mais lorsque Geyer s'y rend,
personne n'a entendu parler du Holmes en question. En
désespoir de cause, Geyer décrit l'homme
recherché : bel homme, mince, cheveux noirs, bien
habillé, portant la barbe et particulièrement
bien articulé. Il ne boit que de l'eau et ne fume
pas. Tout le monde reconnaît Hermann Mudgett. Le
détective se rend immédiatement à son
domicile. Sa femme lui apprend que son mari est inventeur et
qu'il travaille un peu partout aux États-Unis. Il se
trouve présentement à Boston.
Le 17 novembre 1894, Holmes-Mudgett est arrêté
en compagnie de Mme Pitezel. Il commence par nier, puis, il
avoue qu'il a effectivement fraudé la compagnie
d'assurances, mais à l'aide de Pitezel. Ce dernier
devait prendre une assurance au nom de sa femme et Holmes
devait trouver le corps. Mais où est Pitezel demande
Geyer ? Holmes répond que le pauvre homme s'est
suicidé et qu'il a décidé de s'en
servir plutôt que de trouver un autre cadavre.
Interrogée à son tour, Mme Pitezel avoue
qu'elle a participé à la fraude. Elle ignore
la mort de son mari et croit Holmes qui lui a affirmé
qu'il se cachait à Montréal. Des 10 000 $ de
l'assurance, elle n'a reçu que 500 $. Holmes a
gardé le reste. Depuis des mois, elle cherche trois
de ses cinq enfants. Mme Pitezel et les deux enfants
survivants n'auraient d'ailleurs pas tardé à
subir le même sort si la police n'était pas
intervenue à temps. Le 28 octobre 1895, Holmes est
accusé de meurtre. Pendant ce temps, Geyer
réalise que les trois meurtres ne sont que la pointe
de l'iceberg. Il a arrêté un des pires
criminels qui ait jamais vécu sur le continent.
Herman Mudgett est né de parents respectables, son
père est maître de poste dans un village du New
Hampshire. En 1882, à 18 ans, Mudgett épouse
la riche Clara Lovering qui finance ses études de
médecine à l'Université du Vermont.
L'année suivante, il retire de la banque tout
l'argent de sa femme, l'abandonne et va continuer ses
études à l'Université du Michigan.
Lorsque l'argent de Clara est épuisé, Mudgett
monte une escroquerie avec un confrère
d'études. Son complice prend une assurance sur la
vie, puis se cache. Après un laps de temps
convenable, Mudgett produit un cadavre qu'il identifie
à la morgue comme étant celui de son copain
disparu. À cette époque, on ne connaît
pas les empreintes digitales et les moyens d'identification
sont assez rudimentaires. L'assurance paye et les deux
complices terminent leurs études dans le luxe. Plus
tard, Mudgett est engagé comme commis dans une
pharmacie à Philadelphie, où il
réédite le coup du faux cadavre et commet
quelques fraudes au Texas et en Californie. En 1884, Mudgett
obtient son diplôme de docteur en médecine. Il
pratique pendant un an environ, dans l'État de New
York, et met ensuite le cap sur Chicago. Il a 26 ans.
Peu après son arrivée à Chicago,
Mudgett fait une nouvelle conquête, une jeune
beauté du nom de Myrta Bellknap qu'il épouse
sous le nom de Holmes. L'un des premiers soins du " docteur
Holmes " est d'emprunter 2500 $ à un oncle de Myrta.
Il imite ensuite la signature de son prêteur pour un
autre 2500 $ avec lequel il se construit une maison à
Wilmette, au nord de Chicago; avant que l'oncle ne
découvre le faux, Holmes l'invite à monter
avec lui sur le toit de l'édifice. Coup de chance,
affligé de vertige, il refuse, mais il encaisse la
perte et, à la requête de sa nièce, ne
poursuit pas Holmes en justice. -Si j'y étais
monté, déclarait-il plus tard, le faux
n'aurait probablement jamais été
découvert, parce que je n'aurais pas
été là pour m'en apercevoir. Sa maison
construite, Holmes apprend par hasard qu'une certaine Mme
Holden, veuve depuis peu, cherche un gérant pour sa
pharmacie d'Englewood dans la banlieue sud de Chicago. Les
études de médecine du jeune fraudeur lui
permettent de décrocher l'emploi. Il truque la
comptabilité, détourne les fonds et, deux ans
plus tard, la veuve apprend avec stupeur qu'elle ne
possède plus rien et que Holmes est maintenant le
propriétaire de la pharmacie. Elle l'accuse, menace
de le dénoncer à la police. Peu après,
on aperçoit la veuve qui descend la rue avec son "
gérant " et elle disparaît. Holmes
déclarera par la suite à ses amis : -Je l'ai
mise dans un train pour la Californie, elle voulait voyager.
Et tout le monde le croira...
Maintenant propriétaire d'un commerce florissant,
Holmes emménage dans un des appartements
situés juste au-dessus. Myrta, restée dans la
maison de Wilmette, ne voit plus son époux que la fin
de semaine. Vers 1890, une jolie femme nommée Julia
Conner, son mari, un artisan horloger, et sa s½ur
Gertie, une belle fille de 18 ans, s'installent dans
l'appartement voisin de celui de Holmes. Ce dernier amadoue
le mari en lui cédant un coin de la pharmacie pour y
réparer des montres, embauche la jeune Gertie comme
secrétaire et, bientôt, il se retrouve avec
deux maîtresses, qui remplacent agréablement
ses deux épouses légitimes. À cette
époque, on parle déjà beaucoup de
l'Exposition de Chicago qui aura lieu en 1893 et Holmes, qui
a maintenant 33 ans, est bien décidé à
en tirer profit. Il s'associe avec un ami, Benjamin Pitezel,
un homme vénal. Ils font construire un hôtel
sur le terrain vague en face de la pharmacie. Holmes
achète le terrain avec des chèques
signés du nom de H. S. Campbell. Jouant sur les deux
noms, il peut obtenir plus de crédit; si M. Campbell
a, par exemple, besoin d'une référence ou d'un
endosseur pour un emprunt, Holmes les fournit. Et si,
à son tour, le docteur Holmes a besoin d'un
endosseur, il utilise le nom de Campbell.
|