LE METEORITE DU YUCATAN
Une météorite de 10 km aurait percuté la planète!

Il y 65 millions d’années, à la fin du Crétacé, une gigantesque météorite de près de 10 km de diamètre serait entrée en collision avec la Terre à la vitesse de 50.000 km/h. L’impact, d’une violence inouïe, aurait soufflé des régions entières, créant un immense raz de marée et projetant dans l’atmosphère suffisamment de poussières pour obscurcir le sol durant des mois. Incapables de vivre sans soleil, de nombreuses plantes auraient fini par mourir, suivies par les herbivores puis les carnivores… Près de 80% des espèces végétales et animales, dont les dinosaures, auraient ainsi disparu définitivement de la Terre.


LE CRATERE DE CHICXULUB

D’un diamètre de 200 km environ, le cratère de Chicxulub est enfoui sous près de 1000 m de sédiments. Cette structure n’est identifiable que par les anomalies gravitationnelles (en jaune et rouge) et magnétiques engendrées par des roches de densité et de composition hétérogène. À la surface du sol, le seul indice est la présence de cénotes (points blancs), énormes puits remplis d’eau douce et formés par la dissolution des roches calcaires.


Ces cénotes sont disposés en cercle dont le centre coïncide avec le village de Chicxulub, sur la côte nord du Yucatán.

Seul problème : l’équipe scientifique de Gerta Keller, micropaléontologue à l’Université de Princeton, aux États-Unis, vient de montrer* que ce cratère s’est formé 300 000 ans avant la disparition des dinosaures !

La thèse de la météorite, proposée en 1980 par Walter et Luis W. Alvarez (Nobel de Physique 1978), recueille aujourd'hui de nombreux suffrages. Et pour cause, plusieurs indices géologiques montrent qu’un impact météoritique a bien eu lieu il y a 65 millions d’années, entre le Crétacé et le Tertiaire (la limite K-T).


Depuis le début des années 90, le cratère lui-même semble avoir été identifié. D’un diamètre de plus de 200 km, il se situerait dans la région mexicaine du Yucatan, sous le village de Chicxulub. Entre décembre 2001 et février 2002, le Chicxulub Scientific Drilling Project (CSDP) menait une campagne internationale de forage sur le site de Yaxcopoil à une soixantaine de kilomètres du centre du cratère. Gerta Keller et son équipe, membres du CSDP, ont pu étudier un échantillon de cette carotte prélevée entre 894 et 794 mètres de profondeur: Cette région comprenant la fameuse limite K-T.

Les chercheurs ont pu ainsi retrouver les traces de l’impact de Chicxulub, en particulier des roches fondues (appelées tectites) projetées lors du choc. Mais ils ont aussi pu constater que ces traces ne coïncident pas avec la limite K-T, riche en iridium, et correspondant à l’extinction des dinosaures. Les tectites et la limite K-T sont ainsi séparées par une couche calcaire d’une trentaine de centimètres riche en microfossiles et présentant une stratification : des indices montrant qu’un phénomène de sédimentation lente a eu lieu durant approximativement 300 000 ans. Ces travaux suggèrent ainsi que la météorite de Chicxulub n’est pas à l’origine de la fin du Crétacé. La vie, comme en témoignent les microfossiles de la couche calcaire, a pu continuer à se développer durant environ 300 000 ans, jusqu’à l’extinction massive qui a emporté les dinosaures.


DES FACTEURS MULTIPLES

Reste à trouver la cause de cette extinction massive. Pour Gerta Keller, comme pour le géologue français Vincent Courtillot, une météorite ne peut, à elle seule, provoquer une extinction de masse.

L'extinction de la fin du Crétacé n’a pas été aussi brutale qu’on veut bien le faire croire. Les coupes géologiques montrent en effet que de nombreuses espèces planctoniques ont commencé à disparaître plusieurs centaines de milliers d’années avant l’impact.

On sait désormais que la Terre a connu une période d’intense activité volcanique durant cette même période. Dans la région du Deccan, en Inde, une faille de 400 km a laissé échapper de la lave en fusion pendant plusieurs mois. Les '' Trapps du Deccan' ', couches de roches volcaniques parfois épaisses d’un kilomètre, en témoignent aujourd’hui.

Il n’empêche que la frontière K-T présente des traces évidentes d’iridium, un élément absent de la croûte terrestre et présent dans les météorites. Gerta Keller ne l’ignore pas et estime qu’il y a 65 millions d’années, 300 000 ans après l’impact de Chicxulub, une autre météorite dont on ne connaît toujours pas le cratère a porté le coup de grâce à de nombreuses espèces déjà fragilisées par le volcanisme du Deccan. Pour Jan Smit, un paléontologue néerlandais qui défend la thèse météoritique depuis de nombreuses années, la couche calcaire surmontant les traces de l’impact de Chicxulub a été apportée par le gigantesque raz de marée qui s’est produit juste après la chute de la météorite...



SOURCES ET LIENS






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