C'est donc à cette
époque (environ 20.000 ans) que s'est
constituée la fameuse terrasse sous-marine de -110
mètres, profondeur maximale (pour le
Quaternaire). Ce niveau -110 mètres a
été retrouvé dans le monde entier
(à quelques mètres près selon les
régions). L'océan s'y est maintenu pendant
plusieurs milliers d'années, comme le montre
l'étude minutieuse du talus continental. C'est la
grande époque du Pléniglaciaire, contemporain
du Paléolithique supérieur, avec ses
civilisations bien connues : le Moustérien, d'abord,
puis l'Aurignacien, le Gravettien et le
Solutréen.
Les masses glaciaires sont alors énormes, atteignant
un volume total de près de 75.000.000 km³ contre
26.000 000.km³ de nos jours, soit quasiment trois fois
moins. Cela signifie que les deux tiers des glaciers ont
disparu depuis, et que parallèlement la
remontée globale du niveau marin ait
été de 110 mètres. L'emprisonnement de
l'eau de mer sous forme de glace a entraîné une
phase de régression marine, un abaissement du niveau
des océans.
À l'inverse, les périodes interglaciaires ont
été l'occasion d'épisodes de
transgression, c'est-à-dire d'invasion des continents
par l'eau de mer. Les côtes actuelles doivent leur
aspect actuel à la dernière transgression, la
transgression flandrienne il y a environ 10.000 ans. La
fonte des glaces entraîna une élévation
du niveau de la mer d'une centaine de mètres ou plus
et donc l'inondation de vastes zones continentales.
A l'université de Stuttgart-Hohenheim, un professeur
allemand s'est penché sur l'étude d'arbres
vieux de plus de dix mille ans qu'il a repêché
dans les nappes phréatiques d'anciennes
gravières du Danube que les courants souterrains ont
protégé des moisissures. Par l'étude
des cernes contenus dans la coupe transversale de ces
arbres, ce professeur a constaté une augmentation du
deutérium et du carbone 13 coïncidant avec une
élévation de la température de notre
atmosphère de + 5 à + 7°C ce qui localise
exactement la fin de la dernière ère glaciaire
que le Professeur Becker situe en l'an -8975 avant JC.
Ce que confirme une autre méthode effectuée
par l'opération GREENLAND ICE CORE PROJECT qui fore
au Groenland dans une couche de glace dépassant 3100
mètres d'épaisseur afin d'y retirer des
carottes-échantillons contenant les flocons de neige
tombés depuis -120 000 ans ! Ces flocons de neige
analysés au microscope électronique
contiennent de minuscules bulles d'air qui nous racontent
l'Histoire des températures tombées couche
après couche, telles qu'on aurait pu les relever
chaque année durant " les périodes des deux
dernières glaciations ! "
Des carottes-échantillons de glace ont
été envoyées au Professeur Bernard
Stauffer de l'Université de Berne en Suisse où
l'examen des échantillons au microscope
électronique confirme une fonte brutale des neiges
vers cette période de -9000 ans due à un
brutal réchauffement de notre climat. Même si
cette période de réchauffement n'a duré
au maximum qu' une vingtaine d'années, cette fonte
brutale des glaciers a par effet de serre,
dégagé d'énormes condensations qui ont
déclenché de véritables pluies
diluviennes, provoquant avec la montée des mers et
des rivières la mort de nombreuses vies. Comme nous
le constatons ces deux méthodes indiquent
pratiquement la même date.
-15000 ans
Un premier réchauffement (dit
réchauffement solutréen) et première
fonte des glaces. Parallèlement, quasi
automatiquement, démarra une remontée du
niveau de la mer, lente mais inexorable, qui grignota le
talus continental jusque-là préservé
des effets mécaniques de l'érosion marine. Ce
fut aussi le début de l'exode pour les tribus qui
vivaient paisiblement au bord de la mer, où ils
trouvaient facilement leur nourriture grâce à
la pêche de poissons et de petits
crustacés.
-13500 ans
Alors que le niveau marin était à -80
mètres (ayant progressé de 30 mètres
par rapport au niveau plancher), que se produisit une
première débâcle, dite
débâcle atlantique ou Déluge
de Lascaux. La déglaciation
s'accéléra soudainement avec
l'éclatement définitif de la calotte glaciaire
qui recouvrait tout le nord de l'Europe et qui bloquait
surtout toute circulation maritime dans la mer du Nord que
nous connaissons. Les glaciologues pensent que le plus gros
de la débâcle eut lieu en moins d'un
siècle, suite à une série de
cataclysmes en chaîne (l'un alimentant le suivant). Le
niveau de la mer augmenta alors de près de 20
mètres en quelques années seulement.
-11700 ans
Puis, la montée des eaux se ralentit. Le seuil de
-68 mètres (appelé seuil des Dardanelles et
qui séparait le lac de Marmara et la mer
Égée) fut atteint. C'est alors que cette mer
trouva provisoirement un exutoire naturel vers le nord-est,
mais elle se trouva ensuite bloquée au seuil du
Bosphore infranchissable avec son altitude de -38
mètres. L'ancien lac de Marmara doubla alors de
surface, devenant une mer salée entourée de
rives dévastées.
-10000 ans
Une longue période de stabilisation autour du
niveau -55 mètres qui dura près de 3000 ans
(entre -11000 et -8000 environ). Ce seuil est très
identifiable sur tous les talus continentaux et il est
même considéré comme un repère
clé par les océanographes. Cette
période d'accalmie, venant après plusieurs
millénaires de tracas et d'insécurité
permanente, fut mise à profit par les populations
pour se fixer et se sédentariser puisque la
superficie de leurs terres n'était plus constamment
remise en cause par des modifications
géographiques.
Avec la fin de la stabilisation à -55 mètres
se termina le Tardiglaciaire, c'est-à-dire la
deuxième grande phase de la déglaciation, qui
a vu parallèlement l'éclosion de la
civilisation magdalénienne et l'essor du
Mésolithique. Ce fut l'entrée dans le
Postglaciaire ou Holocène.
- 8000 ans
La mer recommença à monter lentement sur
la Terre entière, et donc partout les transgressions
marines entraînèrent des conséquences
catastrophiques, notamment au niveau des dunes
côtières qui furent souvent
désintégrées. Cela tint en partie
à une substantielle augmentation de la
température (+ 4° en une dizaine de
siècles) qui contribua à faire fondre, en
plusieurs étapes, le grand glacier rescapé du
maximum glaciaire qui occupait encore la Scandinavie et la
Baltique. Cette fonte allait entraîner plus tard, en
-6700, une véritable débâcle qui
elle-même allait être la cause du seul
déluge de très grande envergure dont on a
gardé la trace.
- 7300 ans
Les océans atteignirent le fameuse cote de -38
mètres, celle du seuil du Bosphore. Cela signifie
qu'à partir de cette époque (600 ans avant le
Déluge), la mer Egée, qui avait
déjà envahi le lac de Marmara à partir
de -11.700, commença d'envahir progressivement le lac
d'eau douce de la mer Noire, la salinisant petit à
petit. Partout ce fut la débâcle, notamment
dans la Manche dans laquelle l'Atlantique se fraya un
passage de plus en plus large et sépara
définitivement la France et l'Angleterre,
jusque-là riverains d'un grand fleuve Seine qui se
jetait alors dans l'Atlantique.
- 6700
C'est la période du déluge de
Noé, la plus grande catastrophe terrestre
recensée depuis 10.000 ans. C'est celle que les
glaciologues appellent la bipartition associée
à la grande débâcle du glacier
scandinave. Pour la première fois depuis longtemps,
les eaux froides de la mer du Nord rejoignent les eaux
salées de l'Atlantique au large des Pays-Bas, pays
entre tous menacé par l'océan, suite à
un gigantesque raz-de-marée parti des côtes de
Norvège.
Celui-ci est associé à la débâcle
de la partie occidentale du glacier scandinave, qui
représentait le quart de la masse totale et dont on a
estimé le volume à 200.000 km³. C'est un
nouveau passage ouvert d'une façon
irréversible qui change tout l'environnement
géographique, mais aussi culturel de la
région.
C'est à cette époque que l 'ouverture du
passage Manche / mer du Nord a eu lieu à l'autre
extrémité de l'Europe. Plus à l'est,
l'eau du glacier scandinave après avoir
traversé une bonne partie de l'Europe, envahi la mer
Noire ouverte au sud depuis peu et va se déverser
pendant une année au moins dans la mer Egée
qui s'en trouvera bouleversée.
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