Après la chute de l'empire
phrygien, les Lydiens repoussent les Cimmériens au VI
e siècle av. J. -C. : c'est le début de
l'empire lydien, qui culminera avec le règne de
Crésus. La Lydie est un ancien pays d'Asie
Mineure dans l'acyuelle Turquie, proche de la mer
Égée, dont la capitale était Sardes.
Elle était connue par Homère sous le nom de
Méonie et est parfois citée dans les
légendes d'Héraclès et Omphale,
d'Arachné, ou de Tantale et de Pélops
(ancêtres des Atrides).
Les guerres de conquête de Crésus se retournent
contre lui, et la Lydie est conquise par le perse Cyrus le
Grand (546 avant notre ère) lors d'une
contre-attaque. Annexée à l'Empire perse, elle
devient la satrapie de Sardes. Selon Hérodote
« toutes les filles, dans le pays
des Lydiens, se livrent à la prostitution : elles y
gagnent leur dot, et continuent ce commerce jusqu'à
ce qu'elles se marient. Elles ont le droit de choisir leur
époux. ».
La Boétie (Discours de la servitude volontaire)
raconte :
« Xénophon, historien
grave et du premier rang entre les Grecs, a fait un livre
auquel il fait parler Simonide avec Hiéron, tyran de
Syracuse, des misères du tyran. Ce livre est plein de
bonnes et graves remontrances, et qui ont aussi bonne
grâce, à mon avis, quil est possible. Que
plût à Dieu que les tyrans qui ont jamais
été leussent mis devant les yeux et
sen fussent servi de miroir ! Je ne puis pas croire
quils neussent reconnu leurs verrues et eu
quelque honte de leurs taches. En ce traité il conte
la peine en quoi sont les tyrans, qui sont contraints,
faisant mal à tous, se craindre de tous.
Entre autres choses, il dit cela, que les mauvais rois se
servent détrangers à la guerre et les
soudoient, ne sosant fier de mettre à leurs
gens, à qui ils ont fait tort, les armes en main. (Il
y a bien eu de bons rois qui ont eu à leur solde des
nations étrangères, comme les Français
mêmes, et plus encore dautrefois
quaujourdhui, mais à une autre intention,
pour garder des leurs, nestimant rien le dommage de
largent pour épargner les hommes. Cest ce
que disait Scipion, ce crois-je, le grand Africain,
quil aimerait mieux avoir sauvé un citoyen que
défait cent ennemis.) Mais, certes, cela est bien
assuré, que le tyran ne pense jamais que la puissance
lui soit assurée, sinon quand il est venu à ce
point quil na sous lui homme qui vaille : donc
à bon droit lui dire on cela, que Thrason en
Térence se vante avoir reproché au
maître des éléphants :
Pour cela si brave vous êtes
Que vous avez charge des bêtes
Mais cette ruse de tyrans dabêtir leurs sujets
ne se peut pas connaître plus clairement que Cyrus fit
envers les Lydiens, après quil se fut
emparé de Sardis, la maîtresse ville de Lydie,
et quil eut pris à merci Crésus, ce tant
riche roi, et leut amené quand et soi : on lui
apporta nouvelles que les Sardains sétaient
révoltés ; il les eut bientôt
réduits sous sa main ; mais, ne voulant pas ni mettre
à sac une tant belle ville, ni être toujours en
peine dy tenir une armée pour la garder, il
savisa dun grand expédient pour sen
assurer : il y établit des bordeaux, des tavernes et
jeux publics, et fit publier une ordonnance que les
habitants eussent à en faire état. Il se
trouva si bien de cette garnison que jamais depuis contre
les Lydiens il ne fallut tirer un coup
dépée.
Ces pauvres et misérables gens
samusèrent à inventer toutes sortes de
jeux, si bien que les Latins en ont tiré leur mot, et
ce que nous appelons passe-temps, ils lappellent ludi,
comme sils voulaient dire Lydi. Tous les tyrans
nont pas ainsi déclarés exprès
quils voulsissent efféminer leurs gens ; mais,
pour vrai, ce que celui ordonna formellement et en effet,
sous main ils lont pourchassé la plupart.
À la vérité, cest le naturel du
mérite populaire, duquel le nombre est toujours plus
grand dedans les villes, quil est soupçonneux
à lendroit de celui qui laime, et simple
envers celui qui le trompe. Ne pensez pas quil y ait
nul oiseau qui se prenne mieux à la pipée, ni
poisson aucun qui, pour la friandise du ver, saccroche
plus tôt dans le haim que tous les peuples
sallèchent vitement à la servitude, par
la moindre plume quon leur passe, comme lon dit,
devant la bouche ; et cest chose merveilleuse
quils se laissent aller ainsi tôt, mais
seulement quon les chatouille. Les
théâtres, les jeux, les farces, les spectacles,
les gladiateurs, les bêtes étranges, les
médailles, les tableaux et autres telles drogueries,
cétaient aux peuples anciens les appâts
de la servitude, le prix de leur liberté, les outils
de la tyrannie.
Ce moyen, cette pratique, ces alléchements avaient
les anciens tyrans, pour endormir leurs sujets sous le joug.
Ainsi les peuples, assotis, trouvent beaux ces passe-temps,
amusés dun vain plaisir, qui leur passait
devant les yeux, saccoutumaient à servir aussi
niaisement, mais plus mal, que les petits enfants qui, pour
voir les luisantes images des livres enluminés,
apprennent à lire. Les Romains tyrans
savisèrent encore dun autre point : de
festoyer souvent les dizaines publiques, abusant cette
canaille comme il fallait, qui se laisse aller, plus
quà toute autre chose, au plaisir de la bouche
: le plus avisé et entendu dentre eux
neut pas quitté son esculée de soupe
pour recouvrer la liberté de la république de
Platon. Les tyrans faisaient largesse dun quart de
blé, dun sestier de vin et dun sesterce ;
et lors cétait pitié douïr
crier : Vive le roi ! »
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