En 70 ans, le mythe de la
libération de lEurope par les Anglo-Saxons
sest imposé. Pourtant, rappelle le professeur
Annie Lacroix-Riz, le projet de Washington et de Londres
nétait pas prioritairement de lutter contre le
nazisme, mais contre le communisme. Ce ne sont pas les
troupes états-uniennes qui ont vaincu le Reich, mais
avant tout les Soviétiques.
Selon Annie Lacroix-Riz, Professeur dhistoire
contemporaine à luniversité Paris
VII-Denis Diderot, Le triomphe de la libération
états-unienne de lEurope est un mythe. La
légende a progressé avec lexpansion
états-unienne sur le continent européen
planifiée à Washington depuis 1942 et mise en
uvre avec laide du Vatican, tuteur des zones
catholiques et administrateur, avant, pendant et
après la Deuxième Guerre mondiale de la «
sphère dinfluence occidentale.
Lhégémonie idéologique «
occidentale » accompagnant ce Drang nach Osten a
été secondée par le temps
écoulé depuis la Deuxième Guerre
mondiale. Avant la Débâcle, «
lopinion française » sétait
fait « dindonn[er] par les campagnes
idéologiques » transformant
lURSS en loup et le Reich en agneau.
Le déficit de sympathie enregistré dans ce
morceau initial de la sphère dinfluence
états-unienne se maintint entre la Libération
de Paris et la fin de la guerre en Europe, comme
lattestent les sondages de lIfop
daprès-Libération, parisien (« du
28 août au 2 septembre 1944 ») et de mai 1945,
national (déjà cité) [36]. Il
fut après-guerre, on la dit, dabord
progressivement, puis brutalement comblé. Il
nest donc plus grand monde pour rappeler
quaprès la bataille des Ardennes
(décembre 1944-janvier 1945), seuls combats
importants livrés par les Anglo-Saxons contre des
troupes allemandes (9 000 morts états-uniens)
[37], le haut-commandement de la Wehrmacht
négocia fébrilement sa reddition « aux
armées anglo-américaines et le report des
forces à lEst » ;
- que, fin mars 1945, « 26 divisions allemandes
demeuraient sur le front occidental », à seule
fin dévacuation « vers lOuest »
par les ports du Nord, « contre 170 divisions sur le
front de lEst », qui combattirent farouchement
jusquau 9 mai (date de la libération de Prague)
[38] ;
- que le libérateur états-unien, qui avait
doublé à la faveur de la guerre son revenu
national, avait sur les fronts du Pacifique et dEurope
perdu 290 000 soldats de décembre 1941 à
août 1945 [39] : soit leffectif
soviétique tombé dans les dernières
semaines de la chute de Berlin, et 1 % du total des morts
soviétiques de la « Grande guerre patriotique
», près de 30 millions sur les 50 totaux.
Du 6 juin 1944 au 9 mai 1945, Washington acheva de mettre en
place tout ou presque pour rétablir le « cordon
sanitaire » que les rivaux impérialistes anglais
et français avaient édifié en 1919 ; et
pour transformer en bête noire le pays le plus
chéri des peuples dEurope (français
inclus). La légende de la « Guerre froide »
mériterait les mêmes correctifs que celle de
lexclusive libération états-unienne de
lEurope.
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