Depuis les années 70 les
industries chimiques de la vallée du Rhône ont
rejeté sans compter et surtout sans contraintes des
autorités sanitaires de très grandes
quantités de polluants dans le fleuve. Principale
accusée lusine Tredi située dans
lAin, au Nord de Lyon qui a déversé avec
autorisations préfectorales des quantités
importantes de PCB,
une dioxine particulièrement toxique et
cancérigène et surtout insoluble. Au fil du
temps, cette pollution invisible sest notamment
déposée dans les sédiments du fleuve,
sur tout son cours. Avec les crus, les sédiments sont
descendus et se sont accumulés en Camargue.
La présence de PCB
dans le Rhône est attestée de longue date. Ils
ont été largement déversés dans
le fleuve dans les années 1980. La
responsabilité de lusine de retraitement de
déchets Tredi, implantée à
Saint-Vulbas, dans lAin, avait notamment
été mise en cause lors dun
épisode de pollution survenu dans les années
80. Connue depuis 30 ans par les autorités, la
pollution du Rhône avait été
opportunément oubliée.
Dans ladministration, quand on veut une promotion,
mieux vaut éviter de soulever des problèmes
pour lesquels on na pas de solutions. Le traitement de
la question des PCB dans le Rhône doit à ce
titre être considérée comme de la
même veine que deux autres scandales sanitaires
majeurs : linterdiction très tardive de
lutilisation de lamiante en métropole
mais aussi du chlordécone dans les Antilles
françaises alors que la dangerosité de ces
produits était incontestablement établie et
reconnue.
En novembre 2007, ans dans un communiqué le
WWF évoquait un Tchernobyl àla
Française. De Lyon jusquà la mer,
le Rhône est pollué. Suffisamment pour que sur
300 kilomètres de son parcours, le couloir de la
chimie, des arrêtés préfectoraux
interdisent de consommer les poissons du Rhône. Des
analyses ont révélé que
différentes espèces de poissons contenaient
des quantités de polychlorobiphényles (PCB),
jusquà 40 fois supérieures aux normes
admises pour une consommation quotidienne par
lOrganisation mondiale de la santé (OMS) et les
autorités sanitaires européennes et
françaises.
La pollution est due aux PCB,
plus connus sous leur nom commercial de Pyralène.
Interdits à la vente depuis 1987, ils étaient
massivement utilisés depuis les années 30
comme isolant électrique, notamment dans les
appareils EDF. Considérés comme des produits
toxiques semblables à la dioxine, ils font partie des
douze Polluants organiques persistants (POP), redoutables en
raison de leur durée de vie extrêmement longue.
Leurs effets cancérigènes sur lhomme et
lanimal ont été reconnus et
répertoriés (retards de croissance, des
problèmes de fertilité, cancers).
Furieux contre le silence entourant cette pollution massive,
plusieurs communes bordant des bras du Rhône ont
décidé de porter plainte contre X, pour
pollution des eaux et abandon de déchets
contenant du PCB
. Une démarche
initiée par le maire de Meyzieu, Michel Forissier
reçue avec condescendance par ladministration
qui lui a opposé en guise de réponse un simple
Ça fait vingt ans que ça
dure!.
Les POPs sont des molécules complexes qui,
contrairement aux autres polluants, ne sont pas
définies en fonction de leur nature chimique mais
à partir de quatre propriétés :
- la toxicité : elles ont un ou plusieurs impacts
prouvés sur la santé humaine ;
- la persistance dans lenvironnement : les
molécules résistent aux dégradations
biologiques naturelles ;
- la bioaccumulation dans les tissus vivants et
laugmentation des concentrations le long de la
chaîne alimentaire ;
- le transport sur de longues distances.
Les applications commerciales de ces composants ont
commencé à être diffusées
dès les années 1930, mais il faudra attendre
plusieurs décennies avant la prise de conscience
progressive quils peuvent être nocifs pour
lenvironnement et pour lhomme. Ils sont
insolubles dans leau, mais solubles dans la plupart
des solvants organiques et dans les huiles
végétales, stables et pratiquement non
biodégradables.
De plus ils sont cumulables dans la chaîne alimentaire
(concentration dans les tissus vivants), et
dégradables à haute température en
conduisant à la formation de furanes et de dioxines
(toxiques et cancérogènes). Très peu
solubles, ils se sont donc accumulés dans les
sédiments du Rhône, puis dans les graisses des
poissons. Or leur toxicité est équivalente
à celle de la dioxine pour des consommateurs
réguliers de poissons, selon lAgence
française de sécurité sanitaire des
aliments (Afssa).
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