ORIGINES ET HISTOIRE
Un peuple heureux sachant jouir de la vie

L'Égypte ancienne, une terre de mystères. Aucune autre civilisation n'a tant captivé l'imagination des spécialistes comme des profanes. Ses origines, sa religion et son architecture monumentale : les temples colossaux, les pyramides et l'énorme Sphinx, sont nimbées de mystère. Les pyramides d'Égypte sont les plus célèbres de tous les monuments de l'Antiquité, la seule des sept merveilles du monde antique qui ait survécu.

De même que la vie surgit des eaux, de même le Nil a arrosé les semences de la civilisation. Ce fleuve puissant, qui coule vers le nord depuis le cœur de l'Afrique jusqu'à la Méditerranée, entretint la croissance du royaume pharaonique. La longue et étroite plaine inondable fut un véritable aimant pour la vie, attirant humains, animaux et plantes. À l'époque prédynastique, des chasseurs nomades s'établirent dans la vallée et commencèrent à cultiver la terre pour diversifier leur alimentation. Tenue pour un don des dieux, la crue annuelle du fleuve déposait sur la terre un limon riche en éléments nutritifs, créant des conditions idéales pour la culture du blé, du lin et d'autres plantes. Les premiers travaux communautaires de cette société naissante furent l'aménagement de canaux d'irrigation à des fins agricoles.

Le soleil était une divinité importante dont le passage dans le ciel symbolisait le cycle éternel des naissances, des morts et des renaissances. Les pharaons étaient considérés comme des dieux, des représentants divins sur la terre qui, grâce aux rites, assuraient la perpétuation de la vie. Après leur mort, ils devenaient immortels, rejoignant les dieux dans l'au-delà.

Les Égyptiens croyaient également que le corps et l'âme étaient importants pour l'existence humaine, tant dans la vie que dans la mort. Leurs usages funéraires, par exemple la momification et l'ensevelissement dans des tombes, visaient à aider le défunt à trouver son chemin dans l'au-delà. Les tombes étaient remplies d'aliments, d'outils, d'articles ménagers, de trésors et toutes les choses essentielles à la vie pour garantir le retour de l'âme dans le corps afin que le défunt vive heureux à jamais.

Les tombes les plus imposantes sont les célèbres pyramides, qui ont la forme de la colline sacrée où les dieux sont apparus pour la première fois dans le récit de la création. Fruit de travaux incroyablement ambitieux, ce sont là les plus grosses structures jamais construites. Leur édification était dirigée par des architectes et des ingénieurs d'une grande compétence. Des ouvriers rémunérés déplaçaient les massifs blocs de calcaire sans l'aide de roues, de chevaux ou d'outils de fer. Les conscrits étaient peut-être motivés par une foi profonde dans la divinité de leurs dirigeants et une croyance en l'immortalité. Il est possible qu'ils aient pensé que leur contribution améliorerait leur propre sort lors du jugement dernier dans l'au-delà.

Les gigantesques pyramides étaient des cibles voyantes pour les pilleurs de tombes, dont les méfaits compromettaient les chances d'accéder à la vie éternelle. Les générations subséquentes de rois cachèrent leurs tombes dans la Vallée des Rois pour échapper aux voleurs. Dans cette vallée désertique proche de Thèbes, l'antique capitale appelée maintenant Louxor, ils préparèrent leurs tombes royales en découpant les flancs de la montagne. En dépit des efforts déployés pour dissimuler les entrées, des voleurs réussirent à découvrir les tombes, à les piller et à les vider de leurs trésors.

Une tombe fut cependant épargnée, celle de Toutankhamon. Ce lieu de sépulture fut bien visité deux fois par des voleurs, mais l'entrée en fut refermée et demeura cachée durant plus de 3000 ans. Sa découverte par l'archéologue britannique Howard Carter en 1922 est considérée comme la plus grande trouvaille archéologique de l'histoire. Carter a passé le reste de sa vie à travailler sur la tombe, à transférer ses trésors au Caire et à documenter et étudier son contenu, dont les sarcophages et le masque d'or du pharaon. La momie de Toutankhamon demeure dans sa tombe. C'est le seul pharaon qui ait été laissé dans la Vallée des Rois.

Aujourd'hui, des archéologues égyptiens continuent de faire d'importantes découvertes, et l'étude scientifique des momies royales éclaire la généalogie des pharaons. Le déchiffrement des écrits hiéroglyphiques et les recherches sur la vie des paysans, qui se poursuivent toujours, répondent aussi à de nombreuses questions relatives à l'évolution de la culture égyptienne. La religion pharaonique donne l'impression que les Égyptiens étaient préoccupés de la mort, mais beaucoup d'indices suggèrent qu'ils étaient un peuple heureux sachant jouir de la vie.


L'ECRITURE HIEROGLYPHIQUE

La langue égyptienne fut l'une des premières langues à être écrites, la langue sumérienne étant peut-être la seule qui lui soit antérieure. Apparue pour la première fois sur de la pierre et des poteries datant de 3100 à 3000 av. J.-C., elle est restée en usage pendant près de 3000 ans; la dernière inscription connue fut écrite en 394 apr. J.-C.


LA RELIGION

Un des aspects les plus intéressants de l'Égypte ancienne est sa religion. La profondeur de la pensée égyptienne et l'imagination débordante dont témoigne la conception d'idées et d'images de dieux et de déesses sont incomparables. Dans l'élaboration de leurs croyances, les Égyptiens travaillaient sur le plan cosmique, cherchant à comprendre les lois les plus fondamentales de l'univers. Ils élaborèrent les premières conceptions de la divinité, les débuts d'une religion. Leurs croyances évoluèrent lentement au fil des siècles pour déboucher progressivement sur une vision globale du monde, celle de la population du Nil.

C'est la religion qui unit les communautés locales et en fait une nation. Elle est à l'origine de la pensée et des valeurs communes essentielles à la croissance d'une civilisation. Aucune religion n'est pleinement formée à sa naissance. Dans le cas de l'Égypte ancienne, on peut voir que les systèmes de croyances ont évolué pour devenir la force motrice des expressions culturelles. Aux premiers stades de la pensée humaine, la notion de Dieu n'existait pas. Nos lointains ancêtres se préoccupaient des phénomènes naturels et des puissances qui les régissaient; ils n'adoraient pas une forme personnalisée de Dieu. Ce stade de l'évolution religieuse est dit " magique ". En Égypte, avant l'apparition de la notion de Dieu, le pouvoir magique était renfermé dans le hiéroglyphe d'un sceptre (ou d'un bâton, ou encore d'une verge).

C'est l'un des symboles les plus durables du pouvoir divin, toujours présent dans les représentations des pharaons et des dieux. La société humaine évoluant, les gens acquirent graduellement une certaine identité personnelle. Davantage conscients de l'individualité, les humains se mirent à concevoir les dieux sous une forme personnalisée. Ce stade est dit «mythique». En Égypte, ce processus débuta à la fin de la période préhistorique, au moment où l'écriture apparaissait et où les mythes étaient formulés.

À ce stade, chaque ville d'Égypte avait sa propre divinité, manifestée dans un fétiche matériel ou un dieu représenté sous la forme d'un animal, par exemple une déesse-chatte, une déesse-cobra, un dieu-ibis ou un dieu-chacal. Le panthéon devenant de plus en plus cohérent, ces dieux et déesses furent dotés de corps humains et crédités d'attributs et d'activités humaines. Les temples des principales villes du pays furent édifiés pour vénérer les dieux locaux. Sous le Nouvel Empire, ces temples honorèrent une triade de dieux s'inspirant du modèle établi par la famille mythique d'Osiris, Isis et Horus.

Comme toutes les religions, celle de l'Égypte ancienne était complexe. Au fil des siècles, de religion à divinités locales elle passa à une religion nationale comportant un nombre plus restreint de divinités principales. Certains théologiens croient que l'Égypte s'acheminait vers une foi monothéiste en un créateur unique symbolisé par le dieu solaire. Il n'existait pas de croyances uniformes, mais les Égyptiens partageaient une conception commune de la création du monde et de la possibilité de retourner au chaos si on laissait se déchaîner les forces destructrices de l'univers.

Lorsque les Grecs et les Romains conquirent l'Égypte, leur religion fut influencée par celle de l'Égypte. Les croyances païennes anciennes disparurent graduellement, remplacées par des religions monothéistes. Aujourd'hui, la majorité de la population égyptienne est musulmane, avec une petite minorité chrétienne ou juive.


LES SCIENCES

À une époque où une grande partie du monde vivait dans des conditions primitives, les anciens Égyptiens inventaient l'écriture et faisaient progresser les mathématiques, la médecine et l'astronomie. Ils conçurent des moyens de mesurer le temps et les distances, et appliquèrent leur savoir à l'architecture monumentale.

Le calendrier
Le calendrier égyptien était basé sur une année de 365 jours constitué de douze mois et de trois saisons. Chaque mois comportait trois semaines de dix jours, soit 30 jours en tout. Les cinq derniers jours de l'année correspondaient aux anniversaires de naissance de cinq divinités : Osiris, Isis, Horus, Seth et Nephthys. Comme chez les Égyptiens il n'y avait pas d'années bissextiles, leur calendrier s'écartait progressivement des saisons. Cela signifiait qu'à un moment donné les mois d'été tombaient en fait en hiver. Ce n'est que tous les 1460 ans que leur année civile coïncidait avec l'année solaire et les saisons.
Les trois saisons correspondaient au cycle du Nil et de l'agriculture. Le premier de l'an tombait le 19 juillet (selon le calendrier julien) et marquait le début de la première saison, akhet. C'était l’époque de la crue du Nil. La saison suivante, pendant laquelle les cultures commençaient à sortir de la terre, était appelée peret et débutait le 16 novembre. La dernière saison, chémou, commençait le 17 mars, au moment des récoltes. Les cinq derniers jours de l'année, correspondant à l'anniversaire de naissance des divinités, allaient du 14 au 18 juillet, et ces jours étaient considérés comme néfastes et dangereux.
Il existait aussi un calendrier religieux indiquant les fêtes et cérémonies associées à des divinités et des temples particuliers. Ce calendrier était basé sur un mois de 29 jours et demi; il était donc plus conforme aux phases de l'agriculture et au cycle astronomique des étoiles.

Astronomie
À l'instar de nombreux peuples de l'Antiquité, les Égyptiens étudièrent le ciel nocturne, se servant des étoiles pour faire des mesures afin d'aligner parfaitement leurs pyramides et leurs temples solaires sur les quatre points cardinaux de la terre. Observant la Grande Ourse et Orion à l'aide d'un instrument appelé merkhet (semblable à un astrolabe), des prêtres-astronomes traçaient les fondations des édifices avec une précision stupéfiante.
La grande pyramide de Gizeh en est un exemple. Cette construction remarquable couvre une superficie de plus de cinq hectares et est faite d'environ 6,5 millions de blocs de calcaire. Ses quatre faces sont orientées avec précision sur le nord, l'est, le sud et l'ouest, l'erreur étant de moins d'un demi-degré. Elles sont en outre de longueur pratiquement identique, la différence entre un côté et l'autre étant de moins de 20 cm.
Les Égyptiens croyaient que les dieux vivaient dans le Douat, le royaume d'Osiris. Ce dernier est situé dans la région du ciel où Orion et Sirius s'élèvent héliaquement juste avant le soleil à l'aube du solstice d'été. Certains égyptologues ont laissé entendre que le site de Gizeh, avec ses trois grandes pyramides, le Sphinx et le Nil, pourrait être une image du Douat. Les trois pyramides représenteraient les trois étoiles de la ceinture d'Orion, le Sphinx correspondrait à la constellation du Lion et le Nil à la Voie lactée. Le concept de création sur la terre d'un paysage sacré reproduisant le ciel nocturne n'est pas rare dans d'autres cultures anciennes. En édifiant des pyramides, des temples et des tombes alignés sur des étoiles et les points cardinaux de la terre, les Anciens vénéraient leurs dieux, faisant descendre l'énergie divine sur la terre, ce qui empêchait le monde de sombrer dans le chaos.

Medecine
Les médecins de l'Égypte ancienne alliaient formules magiques et médicaments. Si une personne tombait malade, la maladie était attribuée à la colère des dieux ou à un esprit mauvais qui avait pénétré dans le corps. Pour guérir les malades, on faisait venir à la fois des prêtres et des médecins, qui mettaient en commun leurs pouvoirs et leur savoir pour régler le problème. Le remède le plus courant était une amulette et une formule magique pour modifier le mauvais comportement ayant causé la maladie.
Au Ve siècle av. J.-C., les édecins égyptiens avaient chacun leur A HREF="http://www.arabworldbooks.com/articles8c.htm">spécialisation. La plupart étaient des hommes, et il existait en leur sein une hérarchie. Au sommet se trouvaient les Grands médecins de Haute- et Basse-Égypte, suivis du médecin en chef du pays. Venaient ensuite les surintendants et les inspecteurs des médecins, les chefs des médecins et, tout en bas, les médecins eux-mêmes. Tout au long de la période pharaonique, les postes les plus recherchés furent ceux de la cour royale. Ces médecins veillaient à la santé du pharaon, de sa famille et des membres de la cour.
Les Égyptiens pratiquaient la momification, mais les médecins ne connaissaient pas le fonctionnement interne du corps. Ils ignoraient que le cerveau était lié à la pensée, le cœur étant considéré comme le centre de la raison. Ils croyaient également que le sang, l'urine, les excréments et le sperme circulaient constamment dans l'organisme.
Les femmes pratiquaient la contraception à l'aide de préparations à base de miel et de natron, qu'elles s'injectaient dans le vagin. Les Égyptiens ont également conçu le tout premier test de grossesse connu. Les femmes humectaient chaque jour un échantillon d'orge et d'amidonnier (une sorte de blé) avec leur urine. Si l'orge poussait, cela signifiait que l'enfant serait un garçon; si l'amidonnier poussait, ce serait une fille. Si aucun des deux ne poussait, c'est que la femme n'était pas enceinte. L'efficacité de ce test a été confirmée par la science moderne. L'urine des femmes qui ne sont pas enceintes empêche l'orge de pousser.
Les remèdes et médicaments pour divers problèmes de santé — blessures, maux de ventre, irritations de la peau, os fracturés, et bien d'autres encore — étaient consignés sur des feuilles de papyrus. Certains médicaments donnaient indéniablement de bons résultats, alors que d'autres ne devaient avoir qu'un effet purement psychologique.
On croit que le symbole moderne des ordonnances tire son origine de l'«œil d'Horus». Au IIe siècle, un médecin grec nommé Galien adopta le premier ce symbole pour impressionner ses patients. Graduellement, le symbole évolua pour devenir celui que nous employons aujourd'hui. Ce n'est là qu'une partie du riche legs des anciens Égyptiens.

Mathématiques
Les Égyptiens ne disposaient pas d'un symbole pour le zéro, mais ils calculaient des nombres basés sur la décimale et la répétition (nombres basés sur la puissance 10). Les Égyptiens n'élaborèrent pas de formules mathématiques abstraites. Ils se contentaient d'additionner et soustraire. Pour multiplier et diviser, ils consultaient des tables de multiplication par duplication donnant le multiplicateur et le multiplicande.
Dès qu'on avait atteint un multiplicateur au moins égal à la moitié du multiplicateur désiré, il n'était plus nécessaire de doubler. Par exemple, pour arriver à la bonne réponse pour 9 x 15, on consultait la table (8x15 = 120 plus 1 x 15 = 15) pour arriver à 135 (120 + 15). La division se faisait par le processus inverse.
Les Égyptiens connaissaient les fractions et utilisaient des signes spéciaux pour deux tiers, trois quarts, quatre cinquièmes et cinq sixièmes. Ils avaient également des connaissances de base en géométrie, par exemple le fait que la superficie d'un rectangle est égale à sa longueur multipliée par sa largeur, et ils pouvaient calculer la surface d'un cercle à partir de son diamètre.
Dans la construction des pyramides, de la salle hypostyle de Karnak, avec ses gigantesques piliers et ses statues colossales, et des nombreux temples et palais de tout le pays, les architectes et les ingénieurs utilisaient leurs connaissances des mathématiques pour dresser plans et devis. Pour calculer la longueur, ils utilisaient la coudée, qui correspondait à la longueur de l'avant-bras, du coude à l'extrémité du pouce (environ 52,5 cm). La coudée était subdivisée en sept «mains», chacune étant donc d'une longueur d'un septième de coudée.






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