COSMOLOGIE ET RELIGION
Tous les rituels mayas étaient dictés par le calendrier du cycle sacré

Les Mayas croyaient en la récurrence des cycles de la création et de la destruction et pour eux les ères duraient, d'après notre système moderne de computation du temps, quelque 5200 ans. Le cycle actuel aurait commencé en 3113 ou 3114 av. J.-C. de notre calendrier et devrait prendre fin en l'an 2011 ou 2012.

Il n'est pas facile, d'après la connaissance que nous avons aujourd'hui de la civilisation maya, d'interpréter leur cosmologie. Il semble évident, toutefois, que les Mayas voyaient la Terre comme une forme plate et carrée. Chacun de ses quatre angles était situé à un point cardinal et était représenté par une couleur : le rouge à l'est, le blanc au nord, le noir à l'ouest et le jaune au sud. Le centre était vert.

Certains Mayas croyaient aussi que le ciel était stratifié et que chacun de ses quatre angles était soutenu par une divinité d'une musculature impressionnante appelée «Bacab». Pour d'autres, le ciel était soutenu par quatre arbres de couleurs et d'espèces différentes, et le ceiba vert, ou liard, se dressait au centre.

Pour les Mayas, la forme aplatie de la Terre représentait le dos d'un crocodile géant reposant dans un bassin rempli de nénuphars. Dans le ciel, le pendant du crocodile était un serpent bicéphale, une notion sans doute attribuable au fait que le vocable maya désignant le ciel ressemble au mot serpent. En caractères hiéroglyphiques, le corps du serpent-ciel est représenté non seulement par son propre signe - barres croisées - mais aussi par ceux du Soleil, de la Lune, de Vénus et d'autres corps célestes.

Le ciel était composé de 13 strates, chacune ayant sa propre divinité. Au niveau le plus élevé se trouvait l'oiseau muan, une sorte d'effraie. Le monde souterrain comportait neuf strates sur lesquelles régnaient neuf seigneurs de la Nuit. Le monde souterrain était un endroit froid et inhospitalier auquel étaient destinés la plupart des Mayas après leur mort. Cet univers souterrain accueillait aussi chaque soir les corps célestes comme le Soleil, la Lune et Vénus, une fois franchi le seuil de l'horizon.

On en sait très peu sur le panthéon maya. Il renfermait un nombre incalculable de divinités dont au moins 166 portent un nom. Cette prolifération s'explique en partie par le fait que chacune des divinités se présentait sous des aspects multiples. Certaines avaient plus d'un sexe, d'autres pouvaient être à la fois jeunes et âgées. Chaque dieu représentant un corps céleste possédait dans le monde souterrain un visage différent qui se révélait chaque soir à sa «mort».

Certaines sources mayas font aussi état d'un dieu suprême unique, appelé Itzamná, auteur de l'écriture et mécène des arts et des sciences. Son épouse, Ix Chel, était la déesse du tissage, de la médecine et de l'enfantement et l'ancienne déesse de la Lune.

Les prêtres mayas n'étaient pas célibataires et il arrivait souvent que leurs fils leur succèdent. Le rôle des prêtres était étroitement lié au calendrier et à l'astronomie. Ils contrôlaient l'apprentissage et les rituels et ils étaient responsables de la computation du temps, des festivals, des cérémonies, des jours et des saisons fatidiques, de la divination, des événements, du traitement des maladies, de l'écriture et des généalogies.

Tous les rituels mayas étaient dictés par le calendrier du cycle sacré, de 260 jours et toutes les démonstrations avaient une signification symbolique. L'abstinence sexuelle était rigoureusement observée avant et durant ces événements et l'automutilation était couramment pratiquée pour fournir le sang avec lequel on bénissait, par l'onction, les articles religieux. L'élite était obsédée par le sang - le sien et celui des prisonniers - et le rite de la saignée constituait un important aspect de tout grand événement du calendrier maya. La saignée servait aussi à se concilier les dieux et au début du déclin de la civilisation maya, les chefs qui possédaient de vastes territoires couraient, disait-on, d'une ville à l'autre pratiquer ce rite pour sauver leur royaume en voie de perdition.

La coutume voulait que les prisonniers, les esclaves, surtout les enfants et notamment les orphelins et les enfants illégitimes que l'on achetait spécialement pour l'occasion, soient offerts en sacrifice. Avant l'ère des Toltèques, on sacrifiait plutôt les animaux que les humains - dindons, chiens, écureuils, cailles et iguanes étant les espèces jugées dignes d'être offertes aux dieux mayas.

Les prêtres recevaient, pour effectuer les sacrifices humains, l'aide de quatre hommes âgés appelés chacs, en l'honneur du Dieu de la Pluie du même nom. Ces hommes tenaient les bras et les jambes de la victime offerte en sacrifice tandis qu'un autre officiant nommé Nacom lui ouvrait la poitrine. Un chaman nommé Chilam assistait aussi à la cérémonie et recevait, pendant qu'il était en transe, des messages des dieux dont les prophéties étaient interprétées par l'assemblée des prêtres.

Les Mayas croyaient que lorsqu'on mourait, on pénètrait dans le Monde inférieur par une grotte ou un cenote. Lorsque les rois mouraient, ils empruntaient le chemin lié au mouvement cosmique du soleil et tombaient dans le Monde inférieur, mais parce qu'ils possédaient des pouvoirs surnaturels il renaissaient dans le Monde céleste et devenaient des dieux. Mourir de mort naturelle faisait trembler les Mayas, surtout en raison du fait que les morts n'allaient pas automatiquement au paradis. Les gens ordinaires étaient enterrés sous le plancher de leur maison, leur bouche remplie de nourriture et d'une perle de jade, et ils étaient entourés des objets et des articles religieux qu'ils avaient utilisés durant leur vie. Les tombeaux des prêtres renfermaient des livres.

Les gens de la haute noblesse étaient incinérés - une pratique d'origine mexicaine - et leur temple funéraire était érigé au-dessus de leur urne. Dans les premiers temps, les nobles étaient enterrés dans des sépulcres sous des mausolées. Certains Mayas momifiaient même la tête des seigneurs décédés. Celles-ci étaient déposées dans des oratoires familiaux et «nourries» à intervalles réguliers.

Après la conquête espagnole, les systèmes de croyance maya et chrétien ont commencé à se confondre. Selon certains archéologues, les deux systèmes accusaient de nombreuses ressemblances : dans les deux cas, on brûlait de l'encens durant les cérémonies rituelles, on pratiquait l'iconolâtrie, il y avait des prêtres et on organisait de longs pèlerinages aux jours désignés du calendrier rituel.

La plupart des Mayas observent de nos jours une religion entremêlée d'anciennes notions mayas, d'animisme et de catholicisme. Certains croient toujours, par exemple, que leur village est le centre cérémoniel d'un univers soutenu aux quatre coins par des dieux. Lorsque l'un de ces dieux déplace son fardeau, il se produit un tremblement de terre. La voûte céleste est le domaine du Soleil, de la Lune et des étoiles; toutefois, le Soleil est clairement associé avec Dieu le Père ou Jésus-Christ tandis que la Lune est associée à la Vierge Marie.

Bien des Mayas sont convaincus que leurs montagnes sont à l'image des anciens temples-pyramides. Les montagnes et les collines sont également perçues comme les demeures des divinités ancestrales : des figures paternelles et maternelles que l'on honore dans leur demeure de prières et à qui l'on offre de l'encens, des poules noires, des cierges et des spiritueux. Beaucoup de villages mayas voient encore de nos jours des chamans prier pour l'âme des malades aux lieux de pèlerinage en montagne. Les Mayas croient aussi en un Seigneur de la Terre - un métis gras et vorace habitant dans des cavernes et des cenotes, qui contrôle tous les points d'eau et à qui l'on doit les éclairs et la pluie.

On croit aussi aux forces surnaturelles des esprits de la forêt. Aux quatre entrées de certains villages actuels, sont placés quatre paires de croix et quatre esprits de jaguar, appelés balam, qui ont pour fonction de chasser les démons. On invoque encore les divinités de la forêt dans les rites agricoles et l'on croit toujours que des vents mauvais, qui circulent librement dans le monde, sont cause de maladies et de souffrances tout comme les aluxob, ces nains à l'allure de lutins, qui sont porteurs de malchance.



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